Relancer le trafic aérien après une crise comme le…

Relancer le trafic aérien après une crise comme le covid-19

Préambule : « l’aéronautique, un secteur florissant…»

Même si le secteur aérien n’en est pas à sa première crise, les chiffres montrent que ces dernières impactent très peu le développement de ce type de transport. En effet, depuis 40 ans, le secteur aéronautique a connu une croissance fulgurante et a vu son nombre de passager doubler tous les 15 ans.

En quelques chiffres, le secteur aérien c’est :

Cependant, après l’annonce fin 2018 de l’arrêt du programme A380, la crise du système MCAS chez Boeing, ou encore la montée du phénomène suédois « flygskam » que l’on résume par : « la honte de prendre l’avion », nous sommes en droit de nous demander si la crise du Covid-19 viendra affaiblir ce secteur qui paraît si stable.

1. L’impact direct du coronavirus, une rupture nette du trafic

Selon une analyse de l’IATA (Association internationale du transport aérien), les revenus du secteur aérien pourraient subir, à cause de la récession mondiale lié au Covid-19, une chute de 252 milliards de dollars, ce qui représente une diminution de 44% par rapport aux chiffres de 2019. De plus, ces expertises se basent sur un scénario selon lequel la durée des mesures prises par les différents gouvernements dureraient 3 mois avant une reprise par étape de l’économie.

Alexandre de Juniac, Directeur général et Chef de direction de l’IATA a souligné que les pires des scénarios annoncés il y a quelques semaines à peine s’étaient déjà aggravés rapidement. Selon lui, 

« l’industrie aérienne fait face à sa crise la plus grave. », […] « Sans mesures de secours immédiates du gouvernement, il ne restera pas d'industrie debout. Les compagnies aériennes ont besoin d'un soutien financier de 200 milliards de dollars simplement pour s'en sortir. Certains gouvernements ont déjà fait un pas en avant, mais beaucoup d'autres doivent emboîter le pas. ».

En effet, l’Europe semble être la région du monde la plus touchée par la crise avec moins de 20% de vols assurés par rapport à la fréquence normale durant cette période (5800 vols le 25 mars contre 30 000 durant la même période en 2019). C’est une baisse de 46% du trafic par rapport à 2019 qui est attendu cette année, accompagnée d’une diminution de 76 millions de dollars du chiffre d’affaire.
Avec les premières zones qui commencent leurs vacances de pâques, les estimations montrent que la France va devoir renoncer à l’équivalent de sa population en passagers, soit 65 millions, ce qui représente une perte de 28,5 millions d’euros et met en danger près de 318000 emplois. De plus, ces derniers chiffres ne prennent pas en compte les pertes liées à l’entretien et au stockage des avions, au renouvellement des licences, des lignes aériennes, ainsi que du salaire des employés…

De nombreuses vidéos et images impressionnantes tournent déjà sur les réseaux sociaux montrant les avions de la compagnie Air-France parqués sur la piste de Roissy Charles de Gaulle ou bien de l’aéroport d’Orly vide qui a fermé ses portes le 31 mars 2020 à 23h59 pour la première fois depuis le début de son histoire.

Une menace pour les compagnies aériennes

En première ligne, ce sont les compagnies aériennes qui font face à cette crise. D’ores et déjà, nombreuses d’entre elles sont menacées et plus particulièrement les compagnies low-cost. Certaines de ces compagnies déjà fragilisées par le début de la crise sont vouées à disparaitre, ce qui est déjà le cas par exemple pour : Flybe au Royaume-Uni, ou bien d’autres compagnies régionales comme Tarom, SriLankan, Hainan Airlines ou bien Hong Kong Airlines et Alitalia.

Cependant, les grandes compagnies comme Air-France ne sont pas épargnées par cette crise. En outre, beaucoup d’entre elles louent leurs avions, ou ont encore des crédits et par conséquent, elles ne peuvent pas se permettre de clouer leurs avions au sol. Ainsi, si les états n’investissent pas de l’argent dans ces compagnies, ces dernières pourraient elles aussi tomber.

2. Les enjeux de cette crise

a. Une activité ralentie mais pas arrêtée

Prenons en exemple le cas de la compagnie Française Air-France.
Tout d’abord, il faut savoir que l’ensemble des activités de la compagnie peuvent se décomposer en trois secteurs :

  1. FRET (Transport de marchandises)
  2. Le transport de passagers
  3. La maintenance (Air-France Industries)

Le transport de passagers est très impacté par cette crise malgré 79 vols commerciaux maintenues à CDG pour le rapatriement de personnes. Cependant, le secteur du Fret continue à tourner à vitesse réduite, d’une part pour l’effort de guerre dans cette crise en allant chercher les masques et les équipements médicaux qui sont fabriqués en Chine et d’autre part, afin d’assurer la livraison de marchandises partout sur le territoire.

Quant à ADP (Aéroport de Paris), même si une partie de leurs salariés sont au chômage partiel, 35% de ces derniers travaillent toujours et se relaient pour assurer les 150 à 200 postes nécessaires au fonctionnement du groupe.
C’est aussi la même méthode de fonctionnement qu’a décidée d’adopter Air-France industries afin d’entretenir les 137 avions qui sont immobilisés à CDG.

b. Les coûts liés à cette crise pour les compagnies

Un des coûts les plus important pour les compagnies aériennes actuellement est l’entretien des avions. En effet, les compagnies comme Air-France doivent à la fois gérer l’ensemble du confinement de leurs avions tout en assurant la maintenance des appareils. Or, ce confinement est un coût pour l’entreprise. En effet, on estime le coût journalier d’un hangar pour stocker un avion à 7000 $ voire 15000 $ pour les plus chers. Aussi, de nombreuses compagnies préfèrent stocker leurs appareils à l’extérieur, dans des zones de l’aéroport prévues à cet effet, comme à Vatry ou Châteauroux pour Air-France.

L’entretien des avions, un choix stratégique pour la reprise

En effet, deux options se présentent pour une compagnie pour l’entretiens d’un avion, soit l’entreprise décide de faire l’ensemble des opérations conseillées par les constructeurs pour maintenir l’appareil sous flux-tendu, c’est-à-dire prêt à partir en cas de reprise du trafic mais cela est plus coûteux. Soit, la compagnie décide de stocker les avions dans d’autres aéroports comme Vitry et d’effectuer moins de tâches de maintenance sur l’appareil. Dans ce dernier cas, lors de la reprise du trafic, l’avion devra réaliser d’autres tâches comme des essais moteurs avant de pouvoir être à nouveau opérationnel.

Ainsi, les compagnies aériennes doivent calfeutrer les entrées d’air sur l’ensemble de leurs flottes pour éviter l’installation de nids d’oiseaux dans les réacteurs par exemple. Elles doivent aussi boucher les tubes de Pitot pour éviter l’installation d’insectes.

De plus, les entreprises du secteur aéronautique doivent respecter la maintenance calendaire, c’est-à-dire l’ensemble des opérations que doit subir un avion après un certain nombre de jours et non pas après un certain nombre de cycles (un décollage et un atterrissage). A titre d’exemples, on peut citer les tests sur les batteries ou bien le déplacement d’un quart de tour des appareils immobilisés toutes les semaines, afin d’éviter la déformation des pneus à cause du poids de l’avion.

Les compagnies doivent aussi faire face au problème du maintien des licences des pilotes. En effet, pour conserver ces dernières, le personnel navigant doit effectuer des essais en simulateur mais aussi des vols pratiques sur avion. La réglementation européenne stipule qu’un pilote doit avoir effectué trois décollages ou atterrissages dans les 90 jours. Pour cela, Air-France fait tourner ses pilotes sur le FRET mais aussi sur des vols de maintenance. Lors de ce type de vol, l’avion décolle de CDG et effectue durant trente minutes à une heure, différentes manœuvres pour répondre à une check-list opérationnelle.

Pour conclure, le secteur aéronautique sera gravement impacté par cette crise, de nombreuses compagnies risquent de faire faillite entrainant la perte de nombreux emplois. Quant au trafic aérien, ce dernier reprendra dans un premier temps au ralenti, privilégiant sûrement les vols à titre commercial. Les compagnies envisagent un retour à la normale d’ici 2022.

3. La place des junior entreprises dans cette crise

Qu’est-ce qu’une junior entreprise ?

C’est une association fonctionnant sur le même principe qu’un cabinet de conseil. Dans le cas de Junior ESTACA Paris-Saclay, nous fonctionnons de la même manière qu’un cabinet en ingénierie.

En effet, nous proposons différentes offres de prestations dans le domaine des transports qui est la spécialité de notre école : l’ESTACA. Nous avons déjà réalisé de nombreuses études avec de grandes entreprises du secteur aéronautique comme Airbus ou bien Air-France. Vous pouvez dès à présent télécharger notre plaquette. Nous serions ravis d’en savoir un peu plus sur vos projets actuels afin de vous accompagner pour surmonter ensemble cette période difficile.

Auteur : Alexandre Jaulin, Responsable Développement commercial chez Junior ESTACA Paris-Saclay

admin